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Ngo Van Xuyet, militant anticolonialiste et historien du Vietnam

François Mégard, Le Monde, 13.01.05     




Ngo Van Xuyet, Vietnamien réfugié en France depuis 1948, est mort, samedi 1er janvier, à Paris, à l'âge de 91 ans. Cet ancien trotskiste, exemple d'un type d'ouvriers militants qu'on ne connaît plus guère aujourd'hui, était né en 1913 dans le village de Tan Lo, près de Saïgon.

À partir des années 1920, Ngo Van participa dans les rangs du mouvement trotskiste à la lutte anticoloniale. Après 1945, les trotskistes vietnamiens, qui avaient acquis une certaine importance, furent massacrés par les communistes orthodoxes menés par Ho Chi Minh. Ngo Van a retracé ces années dans Viet-Nam 1920-1945, révolution et contre-révolution sous la domination coloniale (rééd. Nautilus, 2000), et dans un livre de souvenirs plus personnels, Au pays de la cloche fêlée, Tribulations d'un Cochinchinois à l'époque coloniale (L'Insomniaque, 2000).

Ngo Van fuit alors son pays, trouvant refuge en France en 1948. Il travaillera comme ouvrier électricien aux usines Jeumont-Schneider, à La Plaine-Saint-Denis, jusqu'à sa retraite en 1978. En politique, il s'éloignera du trotskisme, militant d'abord dans un groupuscule issu du PCI (Parti communiste internationaliste), autour de Maximilien Rubel, l'éditeur des œuvres de Karl Marx dans la "Bibliothèque de la Pléiade".

Après 1958, Ngo Van rejoint le groupe ILO (Informations et liaison ouvrières), créé par Claude Lefort et Henri Simon après leur séparation d'avec Socialisme ou barbarie de Cornelius Castoriadis (1922-1997), puis ICO (Informations et correspondance ouvrières), qui se dissout en 1973. Depuis cette date, il collaborait à la revue Echanges, dans laquelle il a publié des articles historiques sur le Vietnam ; récemment, il participait aussi à la revue Oiseau-tempête. Il avait publié (avec Hélène Fleury) Contes d'autrefois du Vietnam (éd. You Feng) en 2001, Utopie antique et guerre des paysans en Chine (éd. du Chat qui pêche) en 2004.

François Mégard