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Naguère l'apanage des idéologues bourgeois qui avaient du moins le mérite de ne pas poser au révolutionnaire, la mystification
est désormais le propre quasi exclusif d'une «gauche» qui se réclame du
socialisme comme Torquemada en appelait à Dieu. Point de régime féodal
qui ne se proclame « progressiste », point de régime policier qui ne se donne
pour «démocratique», et point de Sartre du jour qui ne s'en fasse le thuriféraire enthousiaste. De l'Albanie à la Zambie, la surenchère au «socialisme» recouvre un processus d'accumulation primitive avec son cortège d'exploitation esclavagiste qui ne le cède en rien à la barbarie capitaliste de la manufacture, et jamais dans les « pays frères » on n'a si efficacement bâillonné les masses que depuis leur «libération».
Quand, la seule Chine exceptée, on ne voit aucun pays d'Asie, d'Afrique
et d'Amérique latine (et cela vaut à divers degrés aussi bien pour l'Europe
et l'Australie) qui ne soit, au sens romain du mot, client de l'URSS, des
États-Unis, ou des deux à la fois, il n'est question dans tout le tiers-monde
que de libération et d'indépendance nationales diversement assorties
de slogans «révolutionnaires». Or il n'est pas d'exemple que l'accession
à l'autonomie juridique d'un pays sous-développé n'entraîne la mise en
tutelle des masses et leur embrigadement forcé dans un appareil de production embryonnaire.
Ngô Van
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